samedi 14 août 2010

Jour 13 Ep 01 Michael Civin et la psychanalyse du Net.

Michael Civin est un homme étonnant : je n’ai pas trouvé de traces de publication de lui en dehors de ce Psychanalyse du net.Je ne sais pas ce qu’il est devenu après et je ne sais pas ce qu’il avait avant ce livre.C’est même à se demander s’il a vraiment existé et s’il n’est pas un prête nom. Mais peut être est ce ce laisser là aller à ces tendances paranoïdes auquelles Michael Civin donne tant d’importance ?

Le livre a quelques bonnes trouvailles. D’abord il part de l’importance de l’environnement non-humain (Searles, H., 1960) Ensuite, il remet en cause l’optimisme évangélique de Sherry Turkle qui faisait des ordinateurs des objets transitionnels.  

Pour Michael Civin, le cyberespace est un lieu dans lequel certains tentent de concilier des parties conflictuelles de leur psyché avec plus ou moins de réussite. Je pense que les deux extraits suivants résument bien le livre

 

Les gens tentent, avec le cyberespace, de concilier ou non des parties conflictuelles, voire irréconciliables, d'eux-même. Parmi ces expériences, notons le sentiment de constituer, avec les autres, des entités singulières et, en même temps interchangeables et redondantes; et de posséder, dans leurs rapports avec les autres, des personnalités fragmentées, de manière à la fois séquentielle et simultanée, mais néanmoins stables et structurées. Les internautes peuvent se trouver impliqués, dans leurs relations, mais sans que cette implication se manifeste de la même façon. Pour certains, l'investissement s'accompagne d'un repli presque total qui les coupe de tout autre contact humain significatif. Ils optent pour une réalités insulaire et limitée, dans l'univers pourtant infini de la machine; ils résident à toute heure du jour et de la nuit dans le monde créé et éclairé par l'écran de l'ordinateur. Leurs liens les plus importants, les plus précieux s' établissement par le biais d'un texte désincarné qui représente d'autres être humains, à la fois instantanément présents et en réalité absents. Pour d'autres, l'engagement dans le cybserespace leur permet de se libérer d'une angoisse de persécution insurmontable qu'il éprouvent dans la vie réelle, parce qu'ils se sentent entravés dans leurs relations qui leur paraissent plus contraignantes que satisfaisantes, plus inquiétantes que gratifiantes. Ceux-là, qui constituent des exemples de repli paranoïde, peuvent enfin trouver dans le cyberespace des possibilités illimités de se vivre dans toute leur complexité. Cette forme de relation donne à certains la force de retourne par la suite dans le monde réel, avec ou sans leurs partenaires du cyberespace; d'autres choisissent de rester dans le monde le plus exaltant qu'ils aient connus, sans être gênés par son coté virtuel.

(...) Dun certain point de vue, ceux qui s'investissent dans ces relations peuvent avoir renoncé à tout contact humain et choisi, à la place, une réalité plus insulaire et plus circonscrite. Jour après jour, ou plus souvent nuit après nuit, ils glissent dans un monde essentiellement éclairé par l'écran de l'ordinateur, un monde ou les seuls sons audibles sont le cliquetis des touches, le ronronnement du disque dur et le sifflement du modem, ou le contacte passent uniquement par le clavier et la souris, et où les autres êtres humains n'existent que dans l'unidimensionnalité désincarnée des lettres qui s'alignent sur la surface de l'écran. Un monde, enfin, dans lequel les gens ne peuvent avoir de contact physique avec ceux qu'ils contacte ni connaître ceux avec qui ils font connaissance. D'un autre point de vue, le cyberespace permet à ces personnes de se libérer d'une existence ou leur identité est réduite et assaillie par un monde qui le limite et les menace, qui les enferme dans des relations insatisfaisantes avec d'autres personnes également entravées. Le cyberespace leur offre des possibilités infinies d'être elle-même et, fortes de cette multidimensionnalité, elles découvrent des relations d'une richesse qu'elles n'auraient peut être jamais connue autrement. C'est ici que le paradoxe se fait jour : le cyberespace constitue à la fois un mode de l'unicité et de l'isolement et un monde de richesse personnelle et complexité intersubjective. Michael Civin, 2003 : 61-63)

 

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Crédit photo : Not Your Day par LexnGer

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